LA VIE EN PAYS ISAN AU NORD DE LA THAILANDE VU DE L INTERIEUR
21 Août 2010
Article passionnant vu sur ''Le petit journal'' qui fait froid dans le dos et qui montre le chemin qu'il reste à faire dans la lutte contre le trafic d'êtres humains en Asie du sud est.
La situation des filles des gogos et bar à touristes qui travaillent pour elle parait presque enviable. C'est la partie visible de l'iceberg ,le dessous est beaucoup plus tragique avec souteneurs et violences le tout à la vu et aux regards de tous sans être inquiété....
http://www.lepetitjournal.com/bangkok/accueil-bangkok/62533-actu.html
La Thaïlande est depuis longtemps considérée comme une plaque tournante du trafic d'êtres humains en Asie du Sud-Est. Alors que les Etats-Unis ont décidé le
mois dernier de placer le Royaume sur leur liste de surveillance, de nombreuses personnes d'origine thaïlandaise ou étrangère sont toujours touchées par ce phénomène, et ont bien souvent peur de
porter plainte une fois leur calvaire terminé
Les femmes dans la
région sont souvent les victimes de trafic d'êtres humains par des connaissances, des proches, qui leurs promettent une vie plus facile au delà des frontières (Photo DR)
A seize ans, Kaew s'est écroulée de sommeil dans une camionnette, quelque part dans le sud de la Thaïlande, croyant qu'elle était en route pour travailler dans une
usine de textile près de la frontière. Elle s'est réveillée en Malaisie pour découvrir qu'elle avait été vendue à l'industrie du sexe. Mais sa situation n'est qu'un exemple dans la multitude de
cas d'esclavage moderne en Thaïlande, qui implique généralement un mélange de pauvreté, de violence et de trahison.
Vendue contre son gré à l'industrie du sexe
Apparemment droguée et ensuite enfermée dans une salle à Kuala Lumpur, Kaew a alors rencontré trois Thaïlandaises qui lui ont demandé si elle avait été piégée pour
travailler comme elles. "Je n'avais aucune idée de quoi elles parlaient, mais elles m'ont ensuite expliqué quel genre de travail j'allais devoir faire. J'étais terrifiée", raconte Kaew,
dont le nom a été changé pour protéger son identité. Elle a réussi à s'échapper avant son premier client, utilisant l'argent qu'on lui avait donné pour s'acheter de la nourriture afin de prendre
un taxi vers l'ambassade thaïlandaise. Maintenant, elle est soignée à Baan Kredtrakam, un refuge gouvernemental situé en dehors de Bangkok, mais elle ne peut s'empêcher de penser aux femmes
qu'elle a laissé derrière – ou à ses ravisseurs. "Je veux qu'ils soient punis. Je suis très en colère", explique-t-elle.
Le Département d'Etat américain a placé le mois dernier la Thaïlande sur sa liste de surveillance pour le trafic humain, accusant le Royaume de ne pas faire assez
pour éradiquer le problème. Le communiqué des Etats-Unis accuse le Royaume d'être une source, une destination et un point de transit pour le trafic, avec les minorités ethniques et les citoyens
des pays frontaliers particulièrement vulnérables aux abus sexuels et au travail forcé.
L'Asie, plaque tournante du trafic humain
Les victimes – principalement de Birmanie, du Cambodge et du Laos – proviennent en majorité de l'industrie de la pêche, des usines, et du travail domestique, tandis
que de jeunes filles sont aussi prises au piège dans l'industrie du sexe de Thaïlande. Elles font partie d'une vaste économie souterraine à travers l'Asie qui génère environ 10 milliards de
dollars en bénéfices annuels grâce aux travailleurs forcés, principalement des prostituées, selon un rapport en 2005 par l'Organisation internationale du travail (OIT). Il estime à 1,36 million
le nombre de victimes de trafic dans la région Asie-Pacifique, soit plus de la moitié du total mondial. Les autorités thaïlandaises auraient identifié et aidé 530 étrangères victimes de trafic
l'an dernier, et rapatrié 79 citoyens thaïs qui avaient été emmenés à l'étranger. Mais les experts estiment qu'il s'agit juste de la partie visible de l'iceberg, de nombreuses victimes refusant
de porter plainte. "Le fait est que nous n'avons pas de connaissances précise sur le nombre de victimes en Thaïlande, mais nous savons que le problème est significatif", explique Allan
Dow, expert à l'OIT. La Thaïlande a déclaré que le rapport des Etats-Unis n'avait pas pris en compte ses efforts pour lutter contre le trafic humain. Le Royaume a introduit un système
d'enregistrement des migrants et a conclu des accords de coopération avec ses voisins afin de lutter contre le problème.
Des efforts encore insuffisants
Mais les experts disent que les procédures d'enregistrement coûteuses, le risque d'extorsion par les officiers de police et les fonctionnaires ainsi que – dans le
cas de la Birmanie – la peur des autorités, signifie que les gens ont souvent peur de suivre les canaux légaux. Phil Robertson, Directeur-adjoint pour Human Rights Watch en Asie, explique que les
autorités thaïlandaises ont besoin de reconnaître que le trafic ternit leur image au niveau international. "Dans les pires formes d'exploitation auxquelles peuvent être confrontés ces
migrants, ils sont entrainés dans des situations où ils peuvent être détenus pendant des mois voire des années sans être payés, et en subissant des abus physiques et sexuels", explique-t-il.
Avec des frontières poreuses et une économie globalement prospère comparée à ses voisins, la Thaïlande est un aimant pour les migrations. Les défis rencontrés par les autorités sont immenses,
d'autant plus que les réseaux de trafiquants sont éparpillés plutôt qu'organisés avec des connexions étroites.
Les victimes trompées par leurs proches
Les victimes sont souvent approchées par des connaissances qui leurs promettent du travail lucratif de l'autre côté de la frontière. Quand il n'y a plus de retour
possible, elles découvrent qu'elles ont été dupées. C'est ce qui est arrivé à Bopha, une Cambodgienne de 40 ans qui a trouvé un travail dans une entreprise de boulettes de poisson en Thaïlande
grâce à un intermédiaire. Après plus d'un mois a avoir travaillé de 6h jusqu'à au moins minuit, elle n'a toujours pas été payée. "J'ai pleuré tous les jours mais je devais le cacher",
raconte-t-elle. Les travailleurs étaient emprisonnés dans l'enceinte d'une usine par des murs imposants, du fil barbelé et des caméras de sécurité, tous ceux qui essayaient de s'enfuir étaient
alors battus. "Quand je les ai vus frapper les autres j'ai pensé : Nous sommes tous humains pourquoi doivent-ils faire ça alors que nous venons juste pour travailler?" explique-t-elle. A
la fin un employé a été capable d'utiliser un téléphone volé pour appeler des amis et organiser un sauvetage. Désormais installée au même refuge que Kaew, elle prie pour revoir de nouveau sa
famille. "Je suis vieille. Je pense beaucoup", explique Bopha. "Ma maison me manque. Mes enfants me manque. Mon mari me manque et ma mère me manque".
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) mardi 17 août 2010