LA VIE EN PAYS ISAN AU NORD DE LA THAILANDE VU DE L INTERIEUR
6 Février 2014
Le gouvernement thaïlandais sur la sellette a défendu mercredi un programme controversé d'aide aux riziculteurs après l'annulation par une entreprise chinoise d'une commande d'un million de tonnes de riz en raison d'une enquête anti-corruption.
Le gouvernement de Yingluck Shinawatra, dont l'électorat vient principalement des régions pauvres du nord et du nord-est du pays, avait décidé fin 2011 d'acheter le
riz aux paysans à un prix largement plus élevé que les cours mondiaux afin d'augmenter leurs revenus, respectant ainsi une promesse électorale.
Ce programme, qui a coûté à la Thaïlande son rang de premier exportateur mondial de la céréale et plusieurs centaines de milliards de bahts, a contribué largement
aux accusations de corruption généralisée brandies par les manifestants dans la rue depuis trois mois pour réclamer la tête de Yingluck.
Et plusieurs procédures judiciaires, notamment liées à ce programme, pourraient faire tomber le gouvernement.
Le ministère du Commerce a expliqué mercredi que l'entreprise chinoise avait renoncé au contrat en raison des poursuites pour corruption entamées contre plusieurs
responsables dans ce dossier, dont l'ancien ministre du Commerce.
Le tenant actuel du portefeuille, Niwatthamrong Boonsongpaisal, a toutefois tenté de calmer les inquiétudes concernant la capacité du gouvernement à écouler les
stocks de riz, estimés à près de 20 millions de tonnes, précisant qu'un contrat séparé de 1 million de tonnes avec Pékin était maintenu.
Il a également annoncé une vente aux enchères de 400.000 tonnes prochainement.
Le gouvernement a désespérément besoin d'argent pour payer les riziculteurs auxquels il a promis d'acheter les récoltes.
Des paysans des provinces du centre qui n'ont rien reçu depuis des mois ont promis de marcher jeudi sur le ministère du Commerce à Bangkok.
"Tout le monde essaye d'aider les paysans", a assuré Yingluck mercredi.
Le gouvernement, réticent à dévoiler le coût du programme ou les stocks précis, accuse les manifestants de l'avoir entravé, en faisant pression sur des banques pour
qu'elles refusent les prêts nécessaires pour payer les riziculteurs.
Mais le meneur du mouvement Suthep Thaugsuban a saisi l'occasion de l'annulation du contrat chinois pour attaquer une nouvelle fois le programme qu'il décrit comme
un achat de voix massif par le parti au pouvoir.
"Cela va leur prendre plus de trois ans pour vendre 18 millions de tonnes de riz", a-t-il déclaré.
En janvier, la puissante commission nationale anti-corruption a lancé une enquête contre Yingluck en lien avec ce programme et a formellement inculpé de corruption
quinze responsables, dont l'ancien ministre du Commerce.
Avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 6 février 2014