LA VIE EN PAYS ISAN AU NORD DE LA THAILANDE VU DE L INTERIEUR
12 Novembre 2011
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Samedi 12 novembre. Ce matin, la capitale thaïlandaise fait penser à une presqu'île entourée d'un océan d'eau douce. Et ressemble depuis hier au Mont Saint-Michel, les Bangkokois qui partent vers le sud se demandant s'ils arriveront avant la montée de l'eau qui doit couper Rama II, la route principale menant à Petchaburi et les stations balnéaires de Cha-am et Hua Hin.
Passera ou passera pas ? C'est la question que tout le monde se pose ce matin. D'autant que pouvoir partir ne veut pas forcément dire pouvoir revenir… Et ce n'est pas la cascade de scénarios contradictoires qui incitera à faire le bon choix. Aucune chance d'y échapper selon certains experts, carte satellite et démonstration à l'appui, « des chances que oui » pour d'autres, « si certains facteurs sont réunis » pour les plus prudents. Comme depuis le début des inondations à Bangkok, on est sûr de tout, mais surtout de rien…
Un axe de contournement, l'autoroute 342, pourrait fonctionner dès aujourd'hui si, comme l'a annoncé le gouvernement, les pompes ont terminé le drainage de l'eau entre Bang Bua Thong et Suphanburi. Alors que l'axe routier est encore en sursis, la voie ferrée qui relie Bangkok au grand Sud (Surathani, Hat Yai) en passant par Hua Hin et Chumpon est déjà inondée.Les Chemins de fer thaïlandais ont toutefois mis en place un service d'autobus entre la gare centrale de Hua Lamphong et Nakhon Pathom, à 50 km de Bangkok, nouveau point de départ des trains.
La situation s'améliore cependant sur la rive droite du Chao Praya, en direction de Pinklao, où les bus municipaux ont repris du service depuis le pont Pinklao, de l'autre côté du Palais Royal. Mais les voitures ne sont pas encore autorisées à passer. A Thon Buri, le niveau de l'eau est également descendu. Le quartier historique de Ratanakhosin, le quartier chinois, la rive gauche du Chao Praya sont au sec et devraient le rester.
La circulation était quant à elle très fluide autour de Democracy Monument et de l'esplanade Sanam Luang. Le trafic aérien, lui, n'est pas interrompu et toutes les destinations sont desservies normalement depuis Suvarnabhumi. Le cordon qui attache l'aéroport international au coeur de la capitale est toujours protégé des eaux, alors que les autorités se montraient pessimistes hier soir quant aux chances de sauver les deux principaux parcs industriels de l'Est de la capitale, Lat Krabang et Bang Chan, qui ne comptent plus que sur le renforcement de leur barrières.
L'eau continue également son chemin par l'Est vers l'un des centres de Bangkok, où de puissantes pompes tentent, avec succès pour le moment, de lui barrer les routes qui mènent à Victory Monument.
Au Nord, l'axe Vibavadhi Rangsit ressemble toujours à un grand canal. La déviation mise en place pour rejoindre le Nord et le Nord-est du pays contourne la capitale par le Sud-Est, rallongeant considérablement le temps de trajet.
Alors que sénateurs et parlementaires des deux bords ont commencé à s'étriper hier après-midi sur les bancs de l'Assemblée, s'accusant les uns et les autres de diverses fautes dans la gestion catastrophique de la crise, la chef du gouvernement a confirmé que l'eau commençait à redescendre dans plusieurs quartiers inondés. Le quotidien en anglais Bangkok Post a même prédit « un assèchement de la ville d'ici à 11 jours », après avoir annoncé l'assaut final sur Bangkok pendant deux semaines. .
Si les Bangkokois ne font plus vraiment attention à ces prédictions souvent aléatoires, ce sont toutefois les premiers signes « positifs » depuis l'annonce du retrait de l'eau au centre d'Ayutthaya, ville touristique située à 100 km au Nord de Bangkok, l'une des plus touchées par cette catastrophe naturelle sans précédent. Vue d'avion, la plaine centrale, qui couvre environ un tiers du royaume, ressemble à une grande mer intérieure. Et Bangkok à une presqu'île... Prendre de la hauteur, à défaut de recul, c'est peut-être aussi comprendre l'impatience des Thaïlandais touchés par les inondations de voir ces millions de mètres cubes d'eau se déverser au plus tôt dans la mer.